Conditionnement
volontaire & involontaire

Pour comprendre comment un comportement peut apparaître et perdurer dans le temps, il m’a semblé important et judicieux d’aborder la notion de conditionnement. En parallèle, prendre en compte l’état de la relation entre l’homme et l’animal est essentiel.

Qu'est-ce qu'un conditionnement ?

Provoquer artificiellement chez un individu un comportement nouveau échappant à sa volonté.

Procédure par laquelle on établit un comportement nouveau chez un être vivant, en créant un ensemble plus ou moins systématique de réflexes conditionnels correspondant à des critères bien définis.

Concernant les notions de conditionnement, je les ai résumées et simplifiées en 2 axes : Volontaire et Involontaire. Ceux-ci sont basés sur mes connaissances acquises au cours du temps, avec les conditionnements classiques par Pavlov (1849-1936) et opérants par Skinner(1904-1990), bien expliqués et détaillés sur : vétopsy.fr

Osho Rajneesh, Maître spirituel indien (1931-1990)

Conditionnement volontaire

Il apparaît par le biais de l’humain pour ses besoins et demandes sociétales, entre autres, tout ce qui concerne les ordres que j’appelle « techniques», car issus d’une gestuelle précise.

Ex : assis, couché, tu laisses, tu attends, pas bouger…etc .

Concerne également les règles établies dans votre foyer, toujours intimement lié à votre relation.

Ex : aller à « sa place », se coucher sur une serviette pour sécher, rentrer, sortir, aller chercher…etc

On passera d’un apprentissage par association à un conditionnement par répétition. Vous n’aurez parfois plus besoin de demander quoi que ce soit, le chien effectuera certains comportements de lui-même, car bien conditionné.

Un chien bien conditionné à un « ordre » est un chien qui a reçu celui-ci dans de multiples contextes et environnements différents, effectué de la même manière, toujours récompensé, avec une gestuelle claire et cohérente, toujours sur la base d’une relation saine, en confiance rendant favorables les apprentissages. Attention ! Je parle bien de conditionnement pur, sur des « actions » précises.

Or, si ce même « ordre » est effectué d’une autre manière, non répété dans différents contextes et/ou environnements… avec pourtant le même mot, le chien ne sera potentiellement pas en mesure de reproduire celui-ci.

Les facteurs à prendre en compte seront donc l’individualité du chien, la cohérence de la gestuelle et les intonations associées, les stimulations environnantes présentes ou non, la relation, des lieux différents etc… pour qu’un conditionnement soit bien intégré.

Conditionnement involontaire

En 1er lieu, pourquoi involontaire ? Simplement, ce n’est pas une volonté de la part de l’humain d’apprendre un comportement quel qu’il soit au chien.

Il survient par le biais de plusieurs facteurs : 

. Soit par la simple association du chien (Ex: bruit du frein à main de la voiture = arrêt ou sortie. Ou encore bruit du paquet de croquette = manger).

. Soit via un stimulus présent dans l’environnement auquel le chien répond, de là l’humain réagit soit au même stimulus, soit sur le chien, soit les deux et le chien fait son association.

Ces associations deviendront par logique, conditionnement par répétition. Que l’association soit agréable(positive) ou désagréable(négative), le résultat sera identique.

Pour être plus concrète, prenons un exemple :

Vous dites « bonjour » à un étranger en promenade, arrivant en face de vous, sur un chemin pas très large. Le chien aboie (a-t-il eu peur et vous ne l’avez pas vu ? Possible). Vous demandez au chien de se taire à CE moment précis, tirez en même temps sur la laisse ou encore vous l’attrapez par le collier s’il est en liberté. Tout cela en tentant de justifier que votre chien est gentil, car vous appréhendez le jugement ou la réaction de cette même personne.

La conséquence ?

Le chien termine par comprendre qu’il faut aboyer lorsqu’il entend les intonations du mot « Bonjour » ou si la laisse se tend au croisement d’un étrangers. On commence à anticiper chaque situation similaire. Si le comportement se reproduit, commence à apparaître la colère, potentiellement issue de la peur dans le cas de figure ci-dessus. Et on rentre dans un cercle vicieux : le chien aboie / j’interviens…etc, jusqu’à ce que ça devienne invivable au quotidien.

Attention ! Cela ne concerne pas tous les conditionnements involontaires, c’est un exemple.

La cause ?

Beaucoup de facteurs sont possibles, la liste est surtout infinie, car différents en fonction de chaque individu (humain et animal), du contexte, de l’environnement etc… En voici, quelques exemples : mon chien a été mal familiarisé, un problème de santé inconnu, ce comportement m’énerve…

Mon expérience

Pour résumer : ma chienne Heden a « appris » à aboyer sur les étrangers pendant 2 ans avec ses anciens propriétaires, suite à une méconnaissance du chien. C’est une chienne qui a besoin d’un temps d’adaptation et ne se laissera pas toucher comme cela et saura vous le faire comprendre. Hasko mon 1er chien s’est mis à aboyer par mimétisme, car j’ai réagi à ce comportement, par peur des réactions des étrangers, Heden pouvant impressionner. De plus, ce comportement m’exaspère au plus au point ! Oui, je ne suis pas infaillible ! Simplement un être humain comme vous.

Aujourd’hui : j’ai réussi à faire diminuer ce comportement grâce à mes connaissances et expérimentations. Or, il peut réapparaître à tout instant ou par périodes via plusieurs facteurs. Heden a également cette grande faculté de sentir les bonnes ou « mauvaises » personnes ou encore celles pas à l’aise avec les chiens, elle ne laisse rien au hasard.

⇒ Démonstration dans la vidéo ci-contre.

À savoir

Le chien apprend par association, observation et mimétisme via son environnement (identique à notre mode d’apprentissage, au passage…), et ne met que 2 fois à apprendre un comportement, bon ou mauvais : pour l’humain !

Ex : nom du chien + geste de l’humain + mot + exécution = Récompense

⇒ Il ne comprend pas les mots au sens propre mais leurs intonations et en fait l’association par répétition.

Ex : vous pourriez dire « Pizza » au lieu de « assis » : résultat identique.

Nous pourrions ne jamais parler à nos chiens, ce depuis tout petit et obtenir les mêmes résultats qu’avec la parole (propre à l’humain).

Explications de la vidéo :

Exemple de ce qu’est un conditionnement involontaire et le début d’ un déconditionnement.

Environnement & contexte : Promenade autour de chez moi, personne aux alentours. Je simule le croisement d’un étranger qui change d’attitude à la vue de mes chiens et je tente de le rassurer. Je vous laisse observer chaque regard et comportement de mes chiens. NON ! Promis, je n’ai pas de maladie mentale à parler toute seule !

Conclusion : J’ai conditionné involontairement mes chiens au mot « Bonjour ». Vous trouverez une explication plus précise ci-contre. Je pourrai développer encore plus mais cela serai beaucoup trop long !

Pour conclure, il ne suffit pas simplement d’aller chercher ce qu’il se passe dans la relation ou simplement connaître les sciences. Les deux perspectives me semblent complémentaires. Chacun étant unique avec des capacités et éducations différentes, ce n’est pas naturel et inné pour tout le monde de comprendre que lever la main, se déplacer ou encore qu’un bruit puisse générer tel ou tel comportement chez un individu, encore moins sur un animal.

Comme dans n’importe quel métier, on acquiert des automatismes par le biais de nos apprentissages, nos expériences, nos recherches, nos échanges, qui par exemple en tant que comportementaliste, nous amènent à mieux comprendre le chien mais aussi l’humain, et c’est loin d’être fini.

Également, prendre conscience que nous sommes un système. Par exemple, nous parlons  souvent du « système sociétal » ou encore « d’éco-système » pour comprendre la nature et expliquer son fonctionnement. En observant que telle action sur telle ou telle chose a une conséquence. Que ce soit entre humains ou entre nous et nos animaux domestiques, c’est identique.

Il me tient à cœur de vous faire partager ma façon de voir les choses sur mon rapport au chien, car je suis quelque peu attristée parfois de voir que certains humains restent persuadés de ce concept : l’animal est le problème, vite une solution, sans chercher à comprendre quoi que ce soit.

Il ne s’agit pas simplement de « méthode » ou « technique », une fois que l’on a compris l’aspect scientifique, c’est bien plus complexe que cela. Lorsque l’on revient sur la notion de système, on se rend compte que c’est plus une façon d’être et de voir les choses, avec des connaissances et une meilleure compréhension des canidés, qui nous permet d’obtenir ce que l’on souhaite, plutôt que des recettes magiques pour régler un problème.

Si l’on ne traite que la forme sans comprendre le fond comment pouvons-nous espérer une belle relation… ? à méditer.

En vous remerciant pour votre intérêt et temps de lecture.

Maëva

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